Au centre de santé Méthodiste de Kopanga, la salle de maternité mesure un peu plus de six mètres sur neuf, mais il est fréquent d’ouvrir la porte et de trouver au moins neuf mères et leurs bébés attendant patiemment leur tour pour voir le médecin.
La clinique Méthodiste Unie dessert environ 1 000 patients par mois provenant de huit villages de la région ainsi que de la Tanzanie voisine, qui traversent la frontière pour se faire soigner.
Alors que le nombre de cas de COVID-19 continue d'augmenter au Kenya (384 cas confirmés et 14 décès), la clinique intensifie ses efforts pour protéger les patients vulnérables de cette communauté démunie. Les efforts se concentrent sur le partage d'informations et de conseils d'hygiène pour arrêter la propagation du virus.
Alice Wasilwa, infirmière d’Etat et directrice de la clinique, a déclaré que le gouvernement fournissait des équipements de lavage des mains. Mais, elle a évoqué le manque de respirateurs et d'équipements de protection individuelle adéquats comme étant les principaux défis auxquels le centre de santé était confronté.
La clinique est un projet du District de Nyanza de la Conférence du Kenya-Éthiopie. Elle a été construite grâce à une collaboration entre Partnering for Progress, une organisation à but non lucratif basée à Spokane, Washington, et le Comprehensive Rural Health Project dans le comté de Migori.
Cette région de l'ouest du Kenya a été particulièrement touchée par le VIH-SIDA et présente un taux élevé de mortalité infantile et juvénile. Les ressources limitées en matière de santé font qu'il est difficile pour les nouvelles mères et les futures mères d'avoir accès aux soins de santé maternelle. Nombre d'entre elles n'ont pas de moyens de transport pour quitter les zones rurales et montagneuses et accouchent à domicile. Selon les dernières estimations, le taux de mortalité maternelle du comté de Migori est de 673 décès pour 100 000 naissances, soit près du double de l'estimation nationale.
En plus des soins prénataux et postnataux, Wasilwa a expliqué que l'établissement de santé supervisait environ 20 accouchements par mois et aidait jusqu'à 150 patients par mois en matière de planning familial. Dans le comté de Migori, une femme a, en moyenne, cinq enfants.
La clinique a, également, été récemment désignée comme clinique antirétrovirale par le ministère de la santé du Kenya ; ce qui signifie que les patients atteints du VIH peuvent y recevoir leurs médicaments. Wasilwa a expliqué que l'hôpital desservait 350 clients atteints du VIH, dont 18 adolescents, 20 enfants et 39 nourrissons exposés au VIH.
« Nous espérons que les nourrissons exposés au VIH en sortiront sans être infectés, » a-t-elle déclaré.
Pendo Jacob, une résidente de Tanzanie et bénéficiaire d'une thérapie antirétrovirale, a déclaré que l'établissement apportait une aide de plusieurs manières.
« Les femmes de ma région viennent pour la plupart à pied à la clinique malgré la longue distance à parcourir pour le dépistage du VIH et la thérapie antirétrovirale, » a-t-elle déclaré.
Benta Wakati a expliqué que la clinique lui avait sauvé la vie après qu'elle ait subi une blessure profonde lors d'un conflit avec son mari.
« J'ai été forcée de quitter la maison avec mon bébé tout en saignant abondamment, » a-t-elle déclaré. « Wasilwa m'a soutenue ; elle m'a donné un toit pour dormir et suffisamment de nourriture après mon traitement à la clinique. »
La clinique veille à fournir des soins culturellement appropriés à ceux qui traversent la frontière.
« Dans la tradition Luo, les femmes croient aux médecines traditionnelles. On nous dit souvent de ne pas aller à l'hôpital et de nous rendre plutôt chez les accoucheuses traditionnelles. Les femmes prennent les feuilles d'arbre pour protéger le bébé et boivent de l'eau bouillie avec les feuilles, » a déclaré Millicent Adhiambo, une nouvelle mère qui s'est fait soigner à la clinique.
Adhiambo a exprimé ses inquiétudes quant à l'utilisation des herbes pendant la grossesse. Elle a déclaré que sa santé et celle de son bébé étaient menacées après s’être rendue chez une accoucheuse traditionnelle.
« Lorsque j'ai eu mes premiers problèmes, je suis allée voir l'accoucheuse traditionnelle. Les problèmes ont continué, alors je suis allée à la clinique. Ils m'ont donné des médicaments et les problèmes se sont améliorés par la suite, » a-t-elle dit.
Elizabeth Atieno, infirmière à la clinique, a déclaré qu'il y avait un besoin de soutien afin que plus de femmes puissent être habilitées à prendre des décisions concernant l'accouchement.
« Grâce à l'autonomisation, les obstacles qui les empêchaient de se rendre à temps au centre de santé pendant leur grossesse seront réduits, » a-t-elle déclaré.
Le Révérend Kephas Oloo, Surintendant du District de Nyanza, a souligné l'engagement de l'Eglise à améliorer la santé des membres de la communauté.
« En tant qu'Eglise, nous sommes passionnément engagés à collaborer avec les villageois du comté de Migori pour les aider à améliorer leur qualité de vie dans les domaines les plus importants pour eux, notamment l'accès aux soins de santé, l'assainissement et l'approvisionnement en eau potable, » a-t-il déclaré.
Le Révérend Wilton T. Odongo, Secrétaire de la conférence de la Région épiscopale d'Afrique de l'Est et Surintendant du District de Nairobi, a reconnu la nécessité d'accroitre le personnel et d'améliorer l'infrastructure de cette modeste installation.
« Il y a un besoin d'équipements adéquats, en particulier un lit d'accouchement, une aile pour la santé maternelle/infantile, une maternité moderne, l'eau courante, le captage et le stockage des réservoirs sur le toit, la rénovation et le carrelage du sol, » a-t-il déclaré.
Il a également noté que des fonds étaient nécessaires pour lancer d'autres activités génératrices de revenus pour soutenir ce centre, comme l'agriculture, l'élevage de chèvres et la pêche.
« Malgré les défis, il existe une grande opportunité avec les vastes terres de Kopanga qui restent inutilisées pour les activités agricoles, » a déclaré Odongo.
Le centre de santé s'étend sur 10 hectares. Seulement deux hectares sont utilisés actuellement. Il a indiqué que la conférence avait prélevé des échantillons de terre pour l'analyse des sols dans l'intention de s'assurer d’avoir des partenaires pour investir dans les activités agricoles.
Odongo a soutenu que malgré les difficultés rencontrées par les habitants de Kopanga, ils gardaient espoir.
« Ces personnes formidables, qui vivent avec le minimum et qui sont affligées par tant de terribles maladies, acceptent chaque moment comme tel et exhalent la joie et le respect des autres. Elles sont heureuses. »
Maiga est un communicateur pour la Conférence du Kenya-Éthiopie.
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