Points saillants:
• Les tensions dans la région restent élevées alors que les rebelles s’en prennent aux civils, menaçant les vies et les moyens de subsistance et tuant des dizaines de personnes.
• L’Agence Méthodiste Unie d’assistance humanitaire a fourni près de 100 000 USD d’aide alimentaire aux personnes déplacées à Beni.
• Plus de 850 ménages vulnérables ont bénéficié de cette aide.
Dans le Nord-Est de la République démocratique du Congo, de nombreux agriculteurs ont peur de travailler dans leurs champs, en raison des menaces des rebelles des Forces démocratiques alliées. La faim et la famine sont des réalités quotidiennes.
En réponse à cette situation, UMCOR, l’Agence Méthodiste Unie d’assistance humanitaire, a récemment fourni près de 100 000 dollars américains, permettant d’acheter un mois de nourriture et d’autres produits de première nécessité pour plus de 850 ménages vulnérables.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, la violence a augmenté de manière significative dans les provinces orientales de la RDC. Plus de 20 000 incidents de sécurité ont été enregistrés en 2020, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2019.
Les tensions ont augmenté depuis le lancement d’une opération de sécurité dirigée par le gouvernement contre les ADF en octobre 2020. Les groupes armés ont pris pour cible les civils et les populations déplacées dans la région, faisant des dizaines de morts.
Les opérations européennes de protection civile et d’aide humanitaire ont signalé une nouvelle vague d’extrême violence affectant Beni au Nord-Kivu. Depuis décembre 2020, 150 civils ont été tués et plus de 100 personnes ont été blessées ou kidnappées. La plupart étaient des femmes et des enfants. Le 1er mai, le président de la RDC, Felix Tshisekedi Tshilombo a déclaré l’état de siège dans les régions du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Quelque 67 000 personnes ont fui leurs foyers et vivent désormais dans des familles d’accueil à Beni. Ces populations sont extrêmement vulnérables et ont besoin de nourriture, de fournitures médicales et d’un accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Kavira Mwavita, mère de trois enfants, a perdu son mari à cause de la violence des ADF. Désormais sans abri, elle a reçu de la nourriture et d’autres articles lors de la distribution organisée par UMCOR. « L’église m’a redonné l’espoir de vivre, » a-t-elle déclaré.
En janvier, Chantal Masika a été violée par des soldats de l’ADF. « L’Église Méthodiste Unie nous a montré son amour, » a-t-elle déclaré. « Je n’avais jamais reçu d’aide, mais aujourd’hui, l’Eglise m’a redonné le sourire. »
Sa famille de 10 personnes a déménagé à Beni après l’agression.
« Je demande à l’Eglise de nous accompagner psychologiquement aussi, » a déclaré Masika, « car lorsque je me souviens de ce viol en présence de mon mari, je suis parfois traumatisée. »
« Cette action de l’Église Méthodiste Unie pour nous, les déplacés, est bénéfique » selon Justin Matembere, le chef du village de Samboko.
Il a exprimé l’espoir de voir d’autres groupes « nous aider car nous vivons sans abri, et nous sommes exposés à plusieurs difficultés de santé avec nos familles. »
Il a appelé le gouvernement de la RDC « à rétablir la paix dans nos villages afin que nous puissions retrouver nos maisons. »
La situation à Beni est critique depuis deux décennies, avec l’insurrection des ADF. En refusant l’aide alimentaire des autorités locales, les survivants tentent d’inciter le gouvernement à se concentrer sur l’élimination des forces rebelles. Les populations touchées cherchent de l’aide auprès des organisations confessionnelles et humanitaires.
Bintou Diao est gestionnaire de programme pour l’unité International Disaster Response d’UMCOR.
« La mise en œuvre (de la distribution de nourriture) était particulièrement intéressante, » affirme-t-elle, « car les groupes armés représentant les personnes déplacées et la communauté locale de Beni ont manifesté, souvent violemment, contre les autorités gouvernementales locales et les acteurs humanitaires pour exprimer leur frustration face au manque de sécurité et à l’incapacité du gouvernement à rétablir la paix dans la région. »
Lorsque l’équipe est arrivée à Beni, elle a d’abord engagé des négociations avec divers groupes locaux afin d’obtenir l’accès aux personnes déplacées pour la distribution.
Tshomba a déclaré que le niveau d’insécurité dans la région et les coups de feu continuels avaient rendu le processus stressant et décourageant à certains moments. Pourtant, l’équipe a gagné la confiance des leaders locaux en faisant preuve d’une transparence totale quant à ses intentions et en impliquant certains de ses membres dans les activités de secours.
L’Evêque Gabriel Yemba Unda de la Région épiscopale du Congo-Est a remercié UMCOR pour cette intervention rapide.
« J’appelle toute la population à l’unité, à l’amour et à la prière, » a-t-il dit, « pour le rétablissement d’une paix durable et pour soutenir le président. »
Philippe Kituka Lolonga est communicateur à la Conférence du Kivu.
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