
Les enfants de la famille Mumba se lavent les mains dans le même bol avant de passer à table. En RDC, le partage de la nourriture dans le même bol est un symbole de fraternité et de relations profondes. Photo du Rév. Mumba Masimango, UMNS.
Des familles de Kamina, Kitenge, kabongo Nord Baluba et Kalemie réfléchissent à l’adaptation de cette pratique culturelle.
Philemon Makonga se souvient de son enfance. « J'ai grandi à Kabulo Kisanga avec mes frères et sœurs. Nous nous lavions dans la même cuvette, mangions dans les mêmes assiettes sans savoir que nous partagions des germes et des maladies transmissibles. »
« Nous partagions la nourriture avec la famille élargie où les parents nous apprenaient les bonnes manières à table, » affirme Alpho Moma Kakudji, coordinatrice des femmes du Tanganyika.
Il était impossible de savoir que se laver les mains dans la même cuvette pouvait comporter des risques. Pour ce faire, Mumba Masimango, trésorier de la conférence, père de neuf enfants, recommande que : « Chaque membre de la famille doit avoir une assiette personnelle pour briser la chaîne de transmission dans le partage de la nourriture, et contrôler la propagation du virus dans la communauté. »
« En tant qu'église, nous avons besoin d'une pratique et d'un mode de vie cohérents, » raconte-t-il.
« Le changement devrait commencer à la maison, » estime Kayembe Mwana Bute Ismael, père de six enfants et surintendant de district pendant 6 ans à Kitenge. Pour lui, le partage de la nourriture en famille permet d'éviter la cupidité et unifie les membres de la famille. Néanmoins, il préconise un changement de mentalité en encourageant les familles à ne pas se laver les mains dans le même bol.
Mukendi wa Fwanka, leader de l'église dans le district de Lubyayi, affirme qu'il a, désormais à la maison, un seau muni d’un robinet pour se laver les mains et que chaque enfant mange à sa place.
Le COVID-19 a aussi une incidence sur les relations sociales. « La poignée de main est très courante et éviter de serrer la main est un signe de stigmatisation et de discrimination. La personne va penser qu'elle est sale, » explique Martin Nyengele, pasteur de l'église locale francophone de Kamina.
« Les visites familiales sont réduites, » ajoute-il.
Nyengele utilise, néanmoins, sa page Facebook pour communiquer avec les membres de son église les lundis, mercredis et dimanches. « Je partage un message d'espoir, de courage, et de mobilisation communautaire pour promouvoir le bien-être spirituel en envoyant des alertes, des messages de prévention et en contrant les fausses informations, » explique-t-il.
Après que le gouvernement ait décrété le confinement, Nyengele a été le premier pasteur Méthodiste à utiliser la radio communautaire pour prêcher des messages d'espoir et de guérison. Aujourd'hui, des pasteurs pentecôtistes lui ont emboité le pas. À la télévision locale et nationale, des débats ont lieu avec des psychologues et des médecins sur les effets du coronavirus et sur les mesures barrières et de confinement.
Les leaders de l'église partagent leurs expériences dans leurs districts et insistent la remise en question des pratiques culturelles afin de provoquer un changement de comportement communautaire.
Dans une crise comme cette pandémie mondiale, les femmes sont laissées pour compte en matière d'accès à l'information lorsqu'elles sont illettrées ou n'ont pas accès au téléphone pour recevoir des messages. En Tanganyika et au Nord Katanga, peu de femmes ont accès à un téléphone portable.

Nathalie Kabulo lit un message de prévention sur son portable. En Tanganyika et au Nord Katanga, peu de femmes ont accès à un téléphone portable. Photo de Betty Musau, UM News.
Bien qu’elles soient, pour la grande majorité, illettrées, celles qui le peuvent relaient les informations reçues sur leurs téléphones. Tel est le cas de Maguy Kasongo sikyungulu, enseignante de formation. Cette épouse de pasteur, possède un téléphone androïde. Elle suit l’actualité en ligne et partage les recommandations avec ses enfants à la maison.
Musau est la directrice de la communication de la Conférence du Nord-Katanga.
Contact média : [email protected]