La sensibilisation et la formation sont les principales stratégies employées par les Méthodistes Unis pour réduire les infections à VIH et les cas de sida en Afrique de l’Ouest et du Centre. Cependant, la mobilisation des ressources financières demeure un défi majeur.
Trente délégués venus de la Côte d'Ivoire, du Liberia, du Nigeria, du Rwanda et des États-Unis ont échangé des informations et des idées lors d’un récent sommet tenu à la Maison de l'Espérance sur le thème « Contribution de l’Église Méthodiste Unie dans l’approche communautaire de la lutte contre le VIH/SIDA. »
Cet évènement, qui s’est tenu du 20 au 21 mai, a connu la participation des pasteurs, des professionnels de santé, des autorités politiques et administratives, ainsi que des leaders communautaires. L’objectif du sommet était de donner aux participants les outils nécessaires en vue de l’élaboration d’un plan d’action visant la sensibilisation contre le VIH et le SIDA dans leurs environnements culturels et ecclésiaux.
Le Professeur Ehui Eboi, directeur du Programme national de lutte contre le VIH/SIDA de la Côte d’Ivoire, a félicité les organisations religieuses pour leur rapide implication dans la lutte contre le VIH et le SIDA en servant de relais importants pour la promotion de la sensibilisation et en fournissant un accompagnement psychosocial.
« La lutte contre cette pandémie n’est pas seulement une question purement médicale », a-t-il déclaré. « L’accompagnement spirituel est également un élément primordial dans la prise en charge. »
Eboi a déploré le fait que certains patients interrompent leur suivi médical. S’appuyant sur les résultats d’une étude menée dans la ville d’Abidjan par son département, il a affirmé que « sur 105 patients que nous avons perdus de vue, 50 ont fini dans des camps de prière. »
Le Révérend Donald Messer, directeur exécutif du Fonds mondial de l’Église Méthodiste Unie dédié à la lutte contre le SIDA, pense que, compte tenu du nombre important de personnes infectées, le monde ne saurait vaincre le VIH/SIDA sans l’implication de l’Église. « Trente-sept millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH/SIDA et deux millions en meurent chaque année, » a déclaré Messer. Ce dernier a néanmoins indiqué que 60 % des personnes infectées ont désormais accès à un traitement.
Les 40 % restants doivent également être pris en charge, a déclaré l’Evêque Benjamin Boni, président de la Région épiscopale de Côte d’Ivoire. « Même si le verre est plein à 90 %, le Seigneur reste préoccupé par la partie vide, » a-t-il affirmé.
Abordant d’autres sujets, tels que le cadre institutionnel pour l’engagement communautaire, les délégués de l’Église Méthodiste Unie ont évalué la situation dans leurs pays respectifs, en partageant leurs expériences et pratiques.
En Côte d'Ivoire, le département de l’Église en charge de la lutte contre le VIH/SIDA encourage les fidèles depuis 2016 à contribuer à hauteur de 20 $ chacun afin de venir en aide à un enfant infecté ou affecté par cette maladie. A ce jour, 2 596 enfants ont déjà bénéficié d’une aide financière de la part de 300 souscripteurs. L’hôpital Méthodiste de Dabou fournit également des soins de santé à 1 362 patients atteints du VIH.
Les Méthodistes Unis de Côte d'Ivoire ont également un programme de sensibilisation dénommé « Sel Yam Etchi » (le souffle vient de Dieu) et travaillent en partenariat avec le gouvernement, les Nations Unies, ainsi que d’autres organisations religieuses. Ce département s’est constitué un solide réseau de partenaires. De plus, les Méthodistes Unis s’occupent des aspects clés de la lutte au plan national.
Ce département est l’un des membres-fondateurs de l’Alliance des Religieux pour la lutte contre le VIH/SIDA et les autres pandémies (ARSIP). Cette coalition organise de nombreuses campagnes en collaboration avec les organisations non gouvernementales nationales et internationales. Les Méthodistes Unis qui sont médecins jouent des rôles majeurs dans les programmes nationaux.
Pauline Roberts, conseillère en matière de VIH/SIDA et coordonatrice pour l’Église Méthodiste Unie du Liberia, a également mentionné les nombreuses campagnes de sensibilisation pour un changement de comportement aussi bien au sein des églises locales du Liberia que dans les districts, ainsi que les programmes de lutte contre la transmission de la mère à l’enfant à l’hôpital Méthodiste de Ganta.
« Les personnes continuent de se cacher et refusent de connaître leur statut. Toutefois, nous faisons de notre mieux » a-t-elle déclaré.
Son département s’occupe également des maladies sexuellement transmissibles, de la toxicomanie, des abus sexuels, ainsi que des divers effets de la stigmatisation et de la discrimination. « Tous ces éléments sont d’une certaine manière liés » a-t-elle ajouté. Les défis incluent notamment la faible assistance financière et l’insuffisance du matériel en vue d’atteindre un public plus large.
Au Nigeria, le Dr. Madaki Micah Musa, président du conseil de santé de l’Église, a déclaré que l’Evêque John Wesley Yohanna a fait de cette lutte une priorité en réinstaurant dans les hôpitaux et les cliniques les soins médicaux qui avaient été interrompus à cause des troubles sociopolitiques.
A titre d’illustration, de 2007 à 2014, l’Église Méthodiste Unie a travaillé en collaboration avec le Ministère nigérian de la Santé ainsi que d’autres partenaires afin de mettre en place un programme de lutte contre le VIH/SIDA à l’hôpital de Zing. Ce programme est arrivé à son terme. Bien que l’Evêque John Wesley Yohanna ait « inlassablement œuvré » avec le Conseil général des ministères globaux de l’Église Méthodiste Unie pour construire un nouvel hôpital à Jalingo, la capitale de l’État, il a déclaré que cet hôpital n’offrait pas de traitement contre le VIH. Les patients sont plutôt référés dans les hôpitaux publics et dans les centres de santé privés.
« Notre difficulté réside dans l’incapacité à trouver des partenaires pouvant nous aider à reconstruire notre système » a-t-il déclaré.
Selon Augustin Bahati, communicateur et membre de conseil de santé de la Conférence provisoire du Rwanda, des efforts sont faits en vue « d’être inclusif et d’accepter tout le monde, y compris les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels et les transgenres » au Rwanda.
Avec l’appui du Center for Health and Hope, ils ont commencé la création d’un espace sécurisé, - indépendant de l’Église Méthodiste Unie du Rwanda- où des personnes, indépendamment de leur statut sérologique et de leur orientation sexuelle, pourront exprimer librement leur opinion sur la discrimination.
Bahati a également préconisé une intensification de l’éducation sur la sexualité et le VIH/SIDA. « En l’absence d’éducation sexuelle, les enfants et les jeunes risquent d’entendre souvent des messages contradictoires et parfois préjudiciables de la part de leurs pairs, des médias ou d’autres sources, » a-t-il déclaré
Parmi les participants, il y avait des personnes vivant avec le VIH/SIDA qui ont décidé de partager leur témoignage à l’assistance.
Maman Dorothée Kongo, mère de sept enfants, a parlé du rejet dont elle a été victime après avoir révélé son statut sérologique à sa sœur avec qui elle vivait à Abidjan. Obligée de quitter le domicile, elle a vécu pendant huit mois dans une maison inachevée, sans fenêtres et mise à sa disposition par une amie dans un bidonville situé dans le Sud-est d’Abidjan.
Redoutant la discrimination au sein de l’Église Méthodiste Unie qu’elle fréquentait, Kongo a décidé de rejoindre une église évangélique. Elle a révélé son statut et est désormais un leader dans cette église. Elle a référé de nombreuses personnes infectées au département de l’Église Méthodiste Unie pour se faire soigner. « Ils travaillent bien », a-t-elle déclaré.
Kongo a déclaré qu’elle savait que son mari lui était infidèle, mais elle ignorait qu’il l’avait infectée. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle l’a découvert. « Ce n’était de ma faute, mais je l’ai accepté », a-t-elle déclaré. « C’est pour cette raison que je peux témoigner à visage découvert. »
D.J., un autre participant, a indiqué qu’il était près à raconter son témoignage lors de ce sommet, sans dévoiler son vrai nom dans les médias, car ses enfants ne savent encore pas qu’il est séropositif depuis 2003.
La discrimination a débuté lorsqu’il s’est confié à son patron. « Le lendemain, mon patron m’a convoqué devant tous les employés de l’entreprise et a ordonné à l’agent de sécurité de m’empêcher d’entrer dans son entreprise » a-t-il rappelé.
Le cousin de D.J., avec qui il vivait, a ensuite révélé son statut à tout le village. « Ils me considéraient comme mort », a-t-il affirmé. Par la suite, sa femme l’a quitté, l’abandonnant avec leurs jumelles.
Malgré ces expériences douloureuses, il ne croit pas que cette maladie soit un arrêt de mort. « Mon cousin qui a annoncé mon décès est mort en 2009, alors que je suis toujours vivant » a déclaré D.J. « Je ne me considère plus comme un condamné à mort. Mon objectif est de faire prendre conscience aux gens qu’ils ne doivent pas perdre espoir. » Il est désormais un leader d’une Église Méthodiste Unie dans une ville hors d’Abidjan et s’exprime publiquement lors des conférences.
Ils conseillent à ceux qui veulent révéler leur statut sérologique de préalablement s’assurer qu’ils disposent d’un système de soutien.
Le témoignage de D.J. a suscité une réaction immédiate de la part de Jeanne Samecken, membre du Conseil de santé de Côte d’Ivoire. « Lorsqu’il y a rupture de confidentialité, il y a stigmatisation », a-t-elle déclaré. « Tel est le visage du VIH de nos jours ».
Boni a raconté une expérience émouvante du temps où il était jeune pasteur. De 1988 à 1989, il était aumônier à l’hôpital Méthodiste Uni de Dabou. « Lorsque des familles amenaient les malades à l’hôpital et que ces derniers étaient diagnostiqués séropositifs, certaines familles abandonnaient leurs malades, » a-t-il déclaré.
A cette époque, il a réussi à convaincre la direction de l’hôpital de consacrer un pavillon à ces malades. Plus tard, en tant qu’évêque, il a créé un département spécial consacré à la lutte contre le VIH/SIDA.
« La dimension éthique », l’amour pour chaque malade atteint du VIH ou du SIDA sans discrimination, « doit absolument triompher », a déclaré Boni.
Broune est le directeur des rédactions francophones pour UM News depuis son bureau à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Contact media : [email protected].
Trente délégués venus de la Côte d'Ivoire, du Liberia, du Nigeria, du Rwanda et des États-Unis ont échangé des informations et des idées lors d’un récent sommet tenu à la Maison de l'Espérance sur le thème « Contribution de l’Église Méthodiste Unie dans l’approche communautaire de la lutte contre le VIH/SIDA. »
Cet évènement, qui s’est tenu du 20 au 21 mai, a connu la participation des pasteurs, des professionnels de santé, des autorités politiques et administratives, ainsi que des leaders communautaires. L’objectif du sommet était de donner aux participants les outils nécessaires en vue de l’élaboration d’un plan d’action visant la sensibilisation contre le VIH et le SIDA dans leurs environnements culturels et ecclésiaux.
« La lutte contre cette pandémie n’est pas seulement une question purement médicale », a-t-il déclaré. « L’accompagnement spirituel est également un élément primordial dans la prise en charge. »
Eboi a déploré le fait que certains patients interrompent leur suivi médical. S’appuyant sur les résultats d’une étude menée dans la ville d’Abidjan par son département, il a affirmé que « sur 105 patients que nous avons perdus de vue, 50 ont fini dans des camps de prière. »
Le Révérend Donald Messer, directeur exécutif du Fonds mondial de l’Église Méthodiste Unie dédié à la lutte contre le SIDA, pense que, compte tenu du nombre important de personnes infectées, le monde ne saurait vaincre le VIH/SIDA sans l’implication de l’Église. « Trente-sept millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH/SIDA et deux millions en meurent chaque année, » a déclaré Messer. Ce dernier a néanmoins indiqué que 60 % des personnes infectées ont désormais accès à un traitement.
Les 40 % restants doivent également être pris en charge, a déclaré l’Evêque Benjamin Boni, président de la Région épiscopale de Côte d’Ivoire. « Même si le verre est plein à 90 %, le Seigneur reste préoccupé par la partie vide, » a-t-il affirmé.
Abordant d’autres sujets, tels que le cadre institutionnel pour l’engagement communautaire, les délégués de l’Église Méthodiste Unie ont évalué la situation dans leurs pays respectifs, en partageant leurs expériences et pratiques.
En Côte d'Ivoire, le département de l’Église en charge de la lutte contre le VIH/SIDA encourage les fidèles depuis 2016 à contribuer à hauteur de 20 $ chacun afin de venir en aide à un enfant infecté ou affecté par cette maladie. A ce jour, 2 596 enfants ont déjà bénéficié d’une aide financière de la part de 300 souscripteurs. L’hôpital Méthodiste de Dabou fournit également des soins de santé à 1 362 patients atteints du VIH.
Les Méthodistes Unis de Côte d'Ivoire ont également un programme de sensibilisation dénommé « Sel Yam Etchi » (le souffle vient de Dieu) et travaillent en partenariat avec le gouvernement, les Nations Unies, ainsi que d’autres organisations religieuses. Ce département s’est constitué un solide réseau de partenaires. De plus, les Méthodistes Unis s’occupent des aspects clés de la lutte au plan national.
Ce département est l’un des membres-fondateurs de l’Alliance des Religieux pour la lutte contre le VIH/SIDA et les autres pandémies (ARSIP). Cette coalition organise de nombreuses campagnes en collaboration avec les organisations non gouvernementales nationales et internationales. Les Méthodistes Unis qui sont médecins jouent des rôles majeurs dans les programmes nationaux.
Pauline Roberts, conseillère en matière de VIH/SIDA et coordonatrice pour l’Église Méthodiste Unie du Liberia, a également mentionné les nombreuses campagnes de sensibilisation pour un changement de comportement aussi bien au sein des églises locales du Liberia que dans les districts, ainsi que les programmes de lutte contre la transmission de la mère à l’enfant à l’hôpital Méthodiste de Ganta.
« Les personnes continuent de se cacher et refusent de connaître leur statut. Toutefois, nous faisons de notre mieux » a-t-elle déclaré.
Son département s’occupe également des maladies sexuellement transmissibles, de la toxicomanie, des abus sexuels, ainsi que des divers effets de la stigmatisation et de la discrimination. « Tous ces éléments sont d’une certaine manière liés » a-t-elle ajouté. Les défis incluent notamment la faible assistance financière et l’insuffisance du matériel en vue d’atteindre un public plus large.
Au Nigeria, le Dr. Madaki Micah Musa, président du conseil de santé de l’Église, a déclaré que l’Evêque John Wesley Yohanna a fait de cette lutte une priorité en réinstaurant dans les hôpitaux et les cliniques les soins médicaux qui avaient été interrompus à cause des troubles sociopolitiques.
A titre d’illustration, de 2007 à 2014, l’Église Méthodiste Unie a travaillé en collaboration avec le Ministère nigérian de la Santé ainsi que d’autres partenaires afin de mettre en place un programme de lutte contre le VIH/SIDA à l’hôpital de Zing. Ce programme est arrivé à son terme. Bien que l’Evêque John Wesley Yohanna ait « inlassablement œuvré » avec le Conseil général des ministères globaux de l’Église Méthodiste Unie pour construire un nouvel hôpital à Jalingo, la capitale de l’État, il a déclaré que cet hôpital n’offrait pas de traitement contre le VIH. Les patients sont plutôt référés dans les hôpitaux publics et dans les centres de santé privés.
« Notre difficulté réside dans l’incapacité à trouver des partenaires pouvant nous aider à reconstruire notre système » a-t-il déclaré.
Avec l’appui du Center for Health and Hope, ils ont commencé la création d’un espace sécurisé, - indépendant de l’Église Méthodiste Unie du Rwanda- où des personnes, indépendamment de leur statut sérologique et de leur orientation sexuelle, pourront exprimer librement leur opinion sur la discrimination.
Bahati a également préconisé une intensification de l’éducation sur la sexualité et le VIH/SIDA. « En l’absence d’éducation sexuelle, les enfants et les jeunes risquent d’entendre souvent des messages contradictoires et parfois préjudiciables de la part de leurs pairs, des médias ou d’autres sources, » a-t-il déclaré
Parmi les participants, il y avait des personnes vivant avec le VIH/SIDA qui ont décidé de partager leur témoignage à l’assistance.
Maman Dorothée Kongo, mère de sept enfants, a parlé du rejet dont elle a été victime après avoir révélé son statut sérologique à sa sœur avec qui elle vivait à Abidjan. Obligée de quitter le domicile, elle a vécu pendant huit mois dans une maison inachevée, sans fenêtres et mise à sa disposition par une amie dans un bidonville situé dans le Sud-est d’Abidjan.
Redoutant la discrimination au sein de l’Église Méthodiste Unie qu’elle fréquentait, Kongo a décidé de rejoindre une église évangélique. Elle a révélé son statut et est désormais un leader dans cette église. Elle a référé de nombreuses personnes infectées au département de l’Église Méthodiste Unie pour se faire soigner. « Ils travaillent bien », a-t-elle déclaré.
Kongo a déclaré qu’elle savait que son mari lui était infidèle, mais elle ignorait qu’il l’avait infectée. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle l’a découvert. « Ce n’était de ma faute, mais je l’ai accepté », a-t-elle déclaré. « C’est pour cette raison que je peux témoigner à visage découvert. »
D.J., un autre participant, a indiqué qu’il était près à raconter son témoignage lors de ce sommet, sans dévoiler son vrai nom dans les médias, car ses enfants ne savent encore pas qu’il est séropositif depuis 2003.
Les résolutions du sommet
Au terme de ce sommet, les 30 délégués ont décidé de mutualiser leurs efforts pour lutter contre la pandémie du SIDA en :
• Recourant au financement local pour lutter contre cette crise ;
• Reconcevant les messages de sensibilisation conformément au nouveau contexte de cette maladie en Afrique ;
• Renforçant la communication entre les parents et les enfants afin d’accroître la sensibilisation;
• Organisant tous les deux ans une conférence internationale tournante sur le sujet.
• Recourant au financement local pour lutter contre cette crise ;
• Reconcevant les messages de sensibilisation conformément au nouveau contexte de cette maladie en Afrique ;
• Renforçant la communication entre les parents et les enfants afin d’accroître la sensibilisation;
• Organisant tous les deux ans une conférence internationale tournante sur le sujet.
Le cousin de D.J., avec qui il vivait, a ensuite révélé son statut à tout le village. « Ils me considéraient comme mort », a-t-il affirmé. Par la suite, sa femme l’a quitté, l’abandonnant avec leurs jumelles.
Malgré ces expériences douloureuses, il ne croit pas que cette maladie soit un arrêt de mort. « Mon cousin qui a annoncé mon décès est mort en 2009, alors que je suis toujours vivant » a déclaré D.J. « Je ne me considère plus comme un condamné à mort. Mon objectif est de faire prendre conscience aux gens qu’ils ne doivent pas perdre espoir. » Il est désormais un leader d’une Église Méthodiste Unie dans une ville hors d’Abidjan et s’exprime publiquement lors des conférences.
Ils conseillent à ceux qui veulent révéler leur statut sérologique de préalablement s’assurer qu’ils disposent d’un système de soutien.
Le témoignage de D.J. a suscité une réaction immédiate de la part de Jeanne Samecken, membre du Conseil de santé de Côte d’Ivoire. « Lorsqu’il y a rupture de confidentialité, il y a stigmatisation », a-t-elle déclaré. « Tel est le visage du VIH de nos jours ».
Boni a raconté une expérience émouvante du temps où il était jeune pasteur. De 1988 à 1989, il était aumônier à l’hôpital Méthodiste Uni de Dabou. « Lorsque des familles amenaient les malades à l’hôpital et que ces derniers étaient diagnostiqués séropositifs, certaines familles abandonnaient leurs malades, » a-t-il déclaré.
A cette époque, il a réussi à convaincre la direction de l’hôpital de consacrer un pavillon à ces malades. Plus tard, en tant qu’évêque, il a créé un département spécial consacré à la lutte contre le VIH/SIDA.
« La dimension éthique », l’amour pour chaque malade atteint du VIH ou du SIDA sans discrimination, « doit absolument triompher », a déclaré Boni.
Broune est le directeur des rédactions francophones pour UM News depuis son bureau à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Contact media : [email protected].